La désintermédiation bancaire, un risque à prendre au sérieux

La grande majorité des banques souhaitent aujourd’hui se libérer de la gestion du cash et transfèrent progressivement cette activité vers des sociétés de transport. Une évolution généralisée dont il convient de mesurer toutes les conséquences.


C’est un basculement spectaculaire. Il y a 40 ans seulement, la question de la gestion du cash par les banques ne se posait pas. Cette activité que les responsables bancaires considèrent aujourd’hui comme une servitude s’effectuait en totalité en interne. Des camionnettes sérigraphiées à leur nom circulaient même dans les endroits les plus reculés pour effectuer des échanges de monnaies. Peu à peu, pourtant, les automates et les transporteurs ont pris le relais du personnel de banque. Aujourd’hui un pas de plus est franchi lorsque des automates installés par Brink’s délivrent du cash, suite logique du partenariat signé avec le groupe BPCE. Cela soulève des interrogations quand on sait que certains responsables de la filière fiduciaire souhaitent que les automates en agence deviennent la propriété des transporteurs.

Relation directe avec le client

Des professionnels comme Didier Cocheteau, ancien directeur des moyens de paiement du groupe BPCE, se montrent dubitatifs sur le principe. Il faut tenir compte du fait que certains transporteurs ont obtenu le titre d’établissement financier qui permet la fongibilité des fonds qu’ils recueillent, dont ils deviennent de fait propriétaires. Ainsi, rien ne les empêche d’aller plus loin que les expériences menées. En perdant leur relation directe avec les clients, le risque pour les banques est de se faire désintermédier par les sociétés de transports de fonds. Il s’ajoute à d’autres menaces : en matière de prêts aux particuliers, notamment, les jeunes générations recourent de plus en plus à des courtiers et à des start-up, comme Isimmo, nouvellement créée à Toulouse. Devenant plus performants, ces nouveaux acteurs finiront par capter une part de marché non négligeable. Le secteur bancaire a tout intérêt à méditer l’expérience de l’hôtellerie, qui a laissé les plateformes comme Booking se développer. Aujourd’hui, le groupe Accor, conscient de s’être fait désintermédier, met en place des outils pour renouer le contact avec ses clients. Cela mérite réflexion.